La tannerie de la Croix

Si les usines textiles de la commune du Val-d’Ajol sont relativement bien connues du public et naturellement des historiens locaux, les tanneries ont le plus souvent été oubliées. Pourtant jusqu’au début du 20e siècle, on trouve, y compris au plus profond des campagnes, une multitude de petits cordonniers le plus souvent célibataires et sans terres. On peut donc en déduire qu’il existe bel et bien au Val-d’Ajol un commerce du cuir et de ses nombreux dérivés notamment avec Plombières et ses baigneurs fortunés.

La plus grosse tannerie a sans doute été installée à la Croix au bord de la Combeauté comme le montre le plan ci-contre établi en 1833.  Le marchand Paris fait donc commerce de peaux de bêtes, il en achète aux bouchers, il les revend sous forme de cuirs prêts à l’emploi. Mais il est surtout connu dans les contrées voisines comme fournisseur et producteur de tan. La poudre qu’il produit avec son moulin contient des tanins naturels qui n’ont pas encore été détrônés par la chimie moderne.

 Un autre moulin à tan se trouve à la Banvoie mais en 1833, il ne semble plus en état de fonctionner. Au Sarcenot sur la commune de Fougerolles, pays d’origine de Paris, et plus particulièrement aux hameaux voisins de chez le Moine et de chez Colomban, la récolte des écorces de chênes durant la belle saison met du beurre dans les épinards depuis des lustres. La forêt communale toute proche s’y prête admirablement car spécialement exploitées pour cet usage sous la forme de « fouillies ». C’est-à-dire que les chênes qui y croissent pour former de grosses touffes sont rabattus tous les 15 ou 20 ans. Les bûcherons qui coupent en pleine sève un bois pouvant convenir pour le chauffage se paient sur les écorces qu’ils réunissent en gros fagots et qu’ils font sécher avant de les vendre à leur copain Paris qui se chargera d’en faire de la farine. Vers 1840, le meunier Paris tente alors une nouvelle aventure en installant quelques métiers à tisser. Ce qui deviendra par la suite le tissage Sick puis l’usine de confection  Quéval.

Archives Daniel GURY.