Coup de chaud au presbytère

En 1879 le Jurassien Jules Grévy est élu à la présidence de la République. Au Val-d’Ajol comme dans diverses communes de France, des bénévoles s’activent pour préparer la soirée du 14 juillet durant laquelle un grand feu d’artifice sera tiré sur la place du Sô. Car c’est Jules Grévy qui, en bon Républicain, va choisir comme fête nationale la date du 14 juillet et les réjouissances qui vont avec, une tradition perdue de longue date, et même un temps, remplacée par la Saint Napoléon.

Un farceur ou un anticlérical, peut-être les deux, eut une idée saugrenue. Faire croire à la population que le presbytère avait été la cible d’un attentat.

Pour ce faire, s’étant aventuré dans le bûcher de la cure, il eut l’idée de percer à la chignole dans un « mouchon » de bois particulièrement séduisant un trou suffisamment large et profond afin de pouvoir y dissimuler aux frais de la collectivité et en toute discrétion un pétard de circonstance.  

La bûche ainsi garnie fut placée bien en évidence. L’artiste savait que la bonne du curé venait à cet endroit plusieurs fois par jour pour approvisionner son fourneau à quatre trous mis à contribution 365 jours par an pour préparer les repas sans oublier une fois par mois la grande lessive. L’artificier improvisé se doutait que la brave servante ne résisterait pas à la tentation de s’emparer de la bûche promise.

Comme prévu, l’heure venue, la bonne chaussa ses sabots et se dirigea vers le bûcher pour sa traditionnelle corvée de bois. Voyant une belle bûche insolente qui la narguait au milieu du passage, elle s’empressa de la cueillir pour la déposer dans son cabas. S’en suivit quelques minutes plus tard une explosion terrible faisant voler au plafond les cercles du fourneau au milieu des gamelles. Il n’y eut cependant point de blessé, simplement une grosse frayeur dans un halo de noirceur.

Mais l’affaire avait secoué tout le clergé. Le curé ne pouvait être visé à tire personnel car il était très apprécié de ses fidèles paroissiens. C’est donc toute la communauté religieuse qui pouvait être visée. Et de suite, la dit communauté pointa du doigt les nombreux cabarets du village source des pires débauches.  Vice-versa, dans les cabarets on traita sans ménagement les membres du clergé de curés impudiques et de bourreaux d’enfants. Le journal la « Gazette de l’Est » s’en régala.

Diapos feu d’artifice du 14 juillet 2001.