Foire aux Andouilles

Le couperet est tombé, la célébrissime « Foire aux Andouilles du Val-d’Ajol » n’aura pas lieu cette année, annulée en raison de la pandémie.

Si les conditions sanitaires le permettent, un marché dominical se déroulera le dimanche 14 février durant lequel les producteurs d’andouilles dépositaires de la marque proposeront leurs produits.

Un peu d’histoire sur les foires et marchés du Val-d’Ajol :

Comme beaucoup de villages, le Val-d’Ajol eut ses jours de marché et de foire. C’était parfois la guerre entre village lorsqu’il fallait déterminer une date. Après la révolution, l’administration départementale s’est appliquée à établir à maintes reprises un calendrier de ses manifestations de masse d’une importance non négligeable. Nous donnons un rapide aperçu des arrêts concernant le Val-d’Ajol.

Le 20 janvier 1806, sur réquisition du préfet, le conseil municipal délibère pour fixer les jours des 9 foires encore en vigueur à l’époque. Leurs dates sont fixées dans le nouveau calendrier républicain (messidor, fructidor et autre noms en « or »), dates qui ne sont nullement à la convenance du peuple ajolais et de leurs voisins. Les uns comme les autres demandent le retour aux dates ancestrales, solidement ancrées dans les traditions :

  • Le 3 février,
  • le lendemain des brandons ;
  • le 26 mars,
  • le lendemain de la quasimodo ;
  • le 25 juin ;
  • le 16 août ;
  • le 9 septembre ;
  • le lendemain de la toussaint ;
  • le 7 décembre.

Un décret impérial, daté du 12 décembre 1806, qui fait suite à cette délibération n’a pas retenu l’ensemble des revendications. Ainsi la foire du 16 août, une des plus importante, a été avancée de plusieurs jours. Le résultat fût désastreux. Dans une délibération de 1811, les Ajolais insistent pour que ce jour de foire soit remis à la date fixe du 16 août, le lendemain de la fête patronale.

La délibération dit ceci :

« Considérant que la foire qui avait lieu anciennement le lendemain de la foire du 15 août était très considérable par l’affluence des étrangers des contrées qui s’y rendaient en grand nombre ce jour-là principalement pour y faire des achats importants de différentes espèces de bétail, et par le grand débit qu’ils faisaient de leurs marchandises. Une grande quantité de marchands forains qui y affluaient aussi en grand nombre, ce qui rendait cette foire extrêmement vivante. Et enfin parce que cette foire se tenait le lendemain de la fête patronale de cette commune »

Le conseil demande à placer les foires d’octobre et décembre en mai et juillet en ces termes :

« …sur la nécessité de demander le changement et la transposition de quelques-unes et ce pour l’avantage non seulement pour les habitants de la commune mais encore pour les citoyens ou communautés des autres arrondissements qui ont l’habitude de venir se pourvoir du bétail aux foires du Val-d’Ajol et pour la plus grande facilité de communication de ces foires.. »

Il est fait mention pour octobre et décembre des rigueurs des hivers qui rendent les chemins impraticables. Ces foires hivernales ne sont pour ainsi dire pas fréquentées.

À noter que Napoléon était à présent fêté le 15 août.

Toutes ces foires avaient lieu le 2ème lundi de chaque mois.

En 1831, le conseil est saisi d’une requête déposée par la commune de Plombières qui demande à disposer de 9 foires par an, le 3ème mercredi des mois de mars, avril, mai, juin juillet, août, septembre, octobre et novembre. Le Val-d’Ajol donne son accord le 23 janvier 1831.

Quelques mois plus tard, Fougerolles formule une requête identique : elle envisage à son tour de tenir dans sa commune 5 foires annuelles, les 4èmes  mercredis des mois de mars, mai, juin, juillet et septembre et un marché le mercredi de chaque semaine. Le conseil du Val-d’Ajol donne son aval le 11 septembre 1831.

Quelques mois passent et c’est au tour de Rupt sur Moselle de consulter les élus ajolais sur le projet d’instaurer dans cette commune 12 foires annuelles qui se tiendraient le 3ème lundi de chaque mois. Naturellement, le conseil du Val s’y oppose étant donné que par une ordonnance royale du 6 août 1831, la commune a déjà retenu les mêmes dates pour les mois de février, mars, avril, mai, juin, juillet, août, septembre et octobre. Il est donc vivement conseillé à Rupt de se choisir d’autres jours. En réalité, l’annuaire des Vosges qui paraît chaque année donne déjà pour le Val-d’Ajol les mêmes dates en 1829 (3ème lundi de chaque mois pour 9 foires).

Le 12 Novembre 1873, le conseil municipal délibère à propos de la foire aux porcs qui cause des troubles au village : gêne de la circulation dans la grande rue, vagabondage des cochons dans l’ancien cimetière situé autour de l’église, et ceci malgré les précautions et recommandations souvent réitérées. La mairie reçoit continuellement des plaintes de ses administrés. La foire sera donc déplacée vers la place du Sô. Le vote du conseil est unanime.

Cette foire des porcs ou des cochons serait-elle la foire aux andouilles ? il est permis de se poser des questions. C’est vrai que du porc à l’andouille il n’y a que l’épaisseur d’une couenne de lard. Car il est dit plus loin que cette décision sera effective dès le 3° lundi de février de l’année 1874.

À propos des ordonnances dites Royales, il s’agit naturellement d’une simple formule honorifique imposée dans la rédaction des actes officiels. Le roi n’intervient en rien dans la valeur du document, validé seulement par la signature du préfet. S’agissant des jours de foire ou de marché de nombreuses querelles éclataient entre villages. Chez nos voisins comtois, il y eu même une multitude de violences qui conduisirent devant les tribunaux.