Congés payés et histoire d’eau à Faymont

La pandémie d’une nature exceptionnelle qui met à genoux depuis le début de l’année tous les industriels du monde ou presque, aura évidemment de lourdes conséquences économiques dont on évite soigneusement de parler.

Les plus anciens se souviennent probablement des années 30 où diverses industries du Val-d’Ajol réputées jusque là très performantes, telles que les Ets Bezanson dont le siège administratif était à Breuches (70), furent amenées à réduire les effectifs et pour ces derniers à plier bagages.

Ce n’est qu’après les grèves qui paralysèrent la France en 1936 et qui aboutit à la signature des accords de Matignon que les congés payés furent instaurés en France, sous le gouvernement de Léon Blum.

Ce fut un carré de ciel bleu du côté des cités ouvrières puisque pour la première fois, les ouvriers purent s’offrir 15 jours de vacances tout en percevant un salaire. Mais les ouvriers du Val-d’Ajol, peu habitués aux loisirs, furent bien peu nombreux à rester les bras croisés et à se dorer la pilule. A Fougerolles par exemple, et dans une moindre mesure au Val-d’Ajol, hommes et femmes s’activaient durant leurs vacances et lors des bonnes années, dès 6 h matin jusqu’à la nuit tombante, à la cueillette des cerises. Ce devint rapidement une véritable tradition dans certaine famille et l’usine Comélor, la plus importante de la région, dut adapter chaque été la date de ses congés en fonction de la maturité des fruits.

Ce fut à la même époque que les nombreux ouvriers de Faymont et leurs familles souvent nombreuses eurent droit à un bonus. En effet, la décision fut prise durant l’hiver 1937 que le bourg avec sa dizaine de fermes, ses cités ouvrières, ses cafés, ses boucheries et autres commerces, serait enfin desservi en eau potable par un réseau communal.

Jusque-là, c’était la corvée journalière des seaux d’eau. Il existait diverses fontaines le plus souvent en bordure de rue pour désaltérer les attelages, trop contents d’y faire une halte par les fortes chaleurs.

Pour financer le projet, la commune lança auprès de ses habitants un emprunt de 200 000 Francs. Naturellement le PVC n’ayant pas encore fait son apparition, les communes utilisaient volontiers pour les raccordements chez le particulier le tuyau de plomb, malléable, inusable et peu ruineux, la fonte étant réservé au réseau principal.

83 ans plus tard, on remet le couvert pour deux ans de travaux. Les canalisations en plomb tomberont aux oubliettes et seront remplacées par du PVC. L’assainissement sera mis aux normes, les réseaux électriques et téléphoniques seront enterrés, supprimant hélas les rassemblements d’hirondelles.

Le gaz de ville remplacera les bouteilles de gaz, voire le fuel et le bois pour cuisiner et se chauffer.

L’aménagement du hameau (trottoirs, places de stationnement, etc…) et autres transformations seront également réalisés, pour ce lieu qui voici 80 ans était peuplé d’une population importante d’ouvriers et de paysans.