La foire à la récriée, foire d’autrefois

Souvent les touristes nous questionnent :  pourquoi la foire à l’andouille a-t’elle lieu au cœur de l’hiver ?  C’est en effet, du point de vue purement commercial, un handicap dont le commerce ajolais aurait pu volontiers se passer. Sans compter que « le Messager Boiteux » se trompait parfois dans ses prévisions météorologiques…

Pour remédier au problème, les anciens ne manquèrent pas d’imagination ! Ils organisèrent en effet la foire à la récriée, 15 jours après la foire à l’andouille, une sorte de rattrapage (comme pour les futurs bacheliers !). Naturellement, si la traditionnelle foire avait été un succès, la récriée devenait inutile. Elle pouvait aussi connaître de fortes chutes de neige et le rattrapage espéré finissait en eau de boudin, comme ce fut le cas en 1931. Cette année là, la neige tomba en abondance, le bétail bon à vendre resta bien au chaud dans les étables. Seuls quelques porcelets, pressés de grandir sous d’autres cieux plus cléments, attendirent courageusement le chaland, promesses de bonnes charcuteries maison à venir. Mais, très vite, le champ de foire se transforma en banquise totalement déserte !

En fait, cette foire est un reliquat des foires mensuelles, qui animaient aussi les communes voisines. Ainsi, Le Val-d’Ajol ne compta pas moins de 12 foires qui se tenaient initialement le 3e lundi de chaque mois sauf en août, puis celles des mois de novembre, décembre et janvier furent rapidement supprimées, comme ce fut le cas dans la plupart des autres villages.

Pour les cultivateurs, de nouvelles manifestations prirent le relais : des expositions et des concours de bétail. Au début du siècle dernier, le maire Émile Balandier eut même l’idée de fonder une association pour relancer la race « Vosgienne« . Deux à trois cents animaux, certains en provenance de la vallée de la Moselle, étaient rassemblés sur le nouveau champ de foire, spécialement aménagé pour ne pas créer de désordre autour du monument aux morts. 

Il ne subsiste aujourd’hui que la foire dite « à l’Andouille » le 3ème lundi de février.